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Ecrits de Louis Dallière - 1941 Le mystère de l'Eglise composée des Juifs et des Païens
Le mystère de l’Eglise composée de Juifs et de Païens [1] - 1941 -
« Je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez point comme sages, c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé. » Romains 11/25-26
Mes chers Collègues et frères dans le service de JESUS-CHRIST,
Chargé par ceux qui ont autorité au milieu de nous, de présider le culte de ce matin, je vous invite à méditer avec moi quelques aspects du mystère de l’EGLISE, composée des Juifs et des Païens. C’est un sujet qui touche à l’actualité, par un de ses côtés les plus particulièrement douloureux, mais que nous aborderons selon la vérité révélée dans la Parole de DIEU, nous efforçant de nous élever au-dessus des passions humaines. Toutefois, si je choisis ce sujet, c’est en vue d’un appel précis que je veux vous adresser de la part de Notre SEIGNEUR JESUS-CHRIST, le Chef de l’EGLISE, dont j’ai le redoutable privilège d’être, pendant quelques instants, l’ambassadeur auprès de vous, mes frères, qui êtes ses serviteurs comme moi-même. Selon les époques, la place des Juifs dans l’EGLISE de JESUS-CHRIST varie du tout au tout. Au début, ils ont toute la place ; ensuite, ils n’ont plus de place du tout ; à la fin, S. PAUL nous révéla prophétiquement qu’ils reprendront la place qui est la leur : la première. A l’étude de ce plan divin de l’EGLISE nous consacrerons notre première partie. Nous porterons ensuite notre attention, plus spécialement, sur le changement spirituel que l’avenir réserve aux Juifs, et, pour finir sur les conditions que l’Eglise actuelle devra remplir le jour où ce changement concernant les Juifs sera imminent. Je conclurai notre méditation par l’appel précis que je vous ai annoncé. I. Au début de l’EGLISE chrétienne, les Juifs sont tout. Le salut vient des Juifs, avait dit le SEIGNEUR. Et l’apôtre, au début du ch. IX des Romains, énumère les titres de noblesse du peuple élu : à ses frères, ses parents selon la chair appartiennent : 4 ἡ υἱοθεσία καὶ ἡ δόξα καὶ αἱ διαθῆκαι καὶ ἡ νομοθεσία καὶ ἡ λατρεία καὶ αἱ ἐπαγγελίαι, 5 ὧν οἱ πατέρες (Romains 9) De leur race étaient les pères ; et, naturellement de leur race aussi est celui qui en sa personne récapitula toutes les grâces de DIEU : Celui qui a l’adoption par excellence ; celui à qui appartiennent toute gloire, tout honneur ; celui qui est le médiateur d’une alliance éternelle ; Celui qui a accompli entièrement la Loi, qui a apporté à DIEU le Culte de latrie d’une adoration parfaite, et qui a incarné dans sa personne toutes les promesses divines : 5 Χριστὸς ὁ ὢν ἐπὶ πάντων θεὸς εὐλογητὸς εἰς τοὺς αἰῶνας (Romains 9)
Juive était la Vierge MARIE, à qui aboutit, comme à la fleur sublime de l’arbre de JESSE, toute la tradition prophétique et toute la préparation messianique de l’A.T. ; Juif est JESUS, fils de MARIE, juif est tout son entourage : ses camarades d’école, les clients de l’atelier du charpentier, les auditeurs du prophète prêchant sur la montagne ou au bord du lac, les malades guéris, à part quelques exceptions que l’Evangile souligne. Juifs encore sont les Douze, et lorsque l’EGLISE chrétienne fut fondée à Jérusalem, elle fut entièrement juive, de fait et d’intention. Les 3.000 qui reçurent le Baptême et entrèrent dans l’alliance sous l’autorité des apôtres ; qui persévérèrent dans la fraction du pain et dans les prières tous étaient juifs. C’est le reste fidèle, dont parle S. PAUL au début du ch. XI des Romains, ceux qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal, et au nombre desquels il appartient aussi, lui, l’Hébreu né d’Hébreux, dont l’extraordinaire destinée devait être d’ouvrir la porte de l’EGLISE aux Païens, sur un pied d’égalité avec le peuple élu. Que de travaux, que de combats, que de souffrances cette œuvre a demandés à notre apôtre, à nous, Païens ! Puissance de l’élaboration théologique, démonstrations incessantes de la présence de l’ESPRIT-SAINT dans la faiblesse de l’homme, et par-dessus tout, brisement sans cesse renouvelé de la souffrance morale et de la souffrance physique, toute une vie offerte en holocauste, tel fut le prix que dut payer le Pharisien saisi par JESUS-CHRIST, pour nous assurer, à nous Païens, le droit de cité dans l’EGLISE de JESUS-CHRIST. Mystère Insondable, que dévoile l’épître aux Ephésiens, les deux races, Juifs et Païens, en CHRIST, par son sang, ne forment plus qu’un corps ! Le mur de séparation est abattu. N’oublions-nous pas trop souvent que le mystère de l’EGLISE est essentiellement le mystère de la réunion en un seul Corps du Juif et du Païen ? Nous cherchons les marques de l’EGLISE dans la prédication, dans les sacrements et dans l’autorité : et c’est juste. Mais, la marque suprême, le signe par excellence de l’EGLISE, c’est Juif + Païen = 1. L’EGLlSE est appauvrie, je dirai elle est vidée de sa substance, si nous la réduisons aux convertis païens que nous sommes. L’EGLlSE c’est très profondément, des Païens articulés sur des Juifs, - par ex. nous pasteurs, articulés par la foi vive, la charité et l’espérance sur S. PAUL, sur les Douze et sur le Juif JESUS,- et formant en CHRIST un seul être nouveau avec eux. S. PAUL, notre apôtre Juif, est toujours présent par ses continuateurs païens : nous sommes les fruits de son apostolat, se poursuivant à travers des siècles, qui ne sont que des instants aux yeux de l’ETERNEL. Autre aspect du mystère : En même temps que, par S. PAUL, la porte s’ouvre aux Païens, elle se ferme aux Juifs. Ceux-ci s’endurcissent de plus en plus. Lorsque S. PAUL arrive à Rome, il convoque les principaux des Juifs. Rencontre solennelle ! Quels qu’aient été les fondateurs de l’EGLlSE de Rome, ou ses conducteurs, l’apôtre reprend tout à la base. Il expose le conseil de DIEU à ceux de sa race. La majorité reste incrédule. « Sachez donc dit l’apôtre, que ce salut de DIEU a été envoyé aux Païens et qu’ils l’écouteront. » (Actes 28.28) C’est la fin du livre des Actes. Nous approchons de l’an 70. Maintenant va s’accomplir la parole du SEIGNEUR : « Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que le temps des nations soit accompli. » (Luc 21.24) Désormais, l’Evangile va être prêché à toutes les nations païennes : ce sera le long aveuglement des Juifs, le temps de la synagogue dispersée parmi tous les peuples selon les antiques prophéties. C’est le temps aussi de la synagogue souffrante, comme nous le voyons sous nos yeux. Ce temps durera-t-il toujours ? Non, car dit l’apôtre : « Je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à ce que la totalité des Païens soit entrée, et ainsi tout Israël sera sauvé.. » (Romains 11.25-26) Il est hors de doute que S. PAUL annonce avec l’autorité de l’apôtre enseignant d’une manière infaillible l’Eglise de tous les temps que, à un moment donné, le peuple juif, dans son ensemble, reconnaîtra en JESUS-CHRIST le FILS de DIEU et le Roi d’Israël. « Que sera, dit-il leur réintégration dans le Corps du CHRIST, cela va sans dire - sinon une vie d’entre les morts ? » (Romains 11.15) - Et encore : « Ils ont maintenant désobéi, afin que par la miséricorde qui vous a été faite (à vous Païens), ils obtiennent aussi miséricorde. » (Romains 11.31) Ainsi, à l’articulation, au début, des Païens sur les Juifs, en correspond une autre, à la fin, des Juifs sur les Païens. Si cela n’était, ces derniers risqueraient de s’enorgueillir, et de se regarder comme sages à leurs propres yeux. Les Païens ne sont qu’une partie du Corps. Seuls, ils ne peuvent littéralement pas constituer l’EGLISE, l’homme nouveau, à la stature parfaite de CHRIST. L’inimitié a été vaincue une fois, et l’Epouse achèvera de revêtir son vrai visage, quand l’EGLlSE issue de PAUL greffera sur elle, par un miracle de DIEU, la masse des branches que nous voyons jusqu’à ce jour rejetées. II. Portons maintenant nos regards plus particulièrement sur cette articulation des Juifs sur les Païens dans l’Eglise de JESUS-CHRIST, qui est un événement tellement improbable, et en même temps le plus certain des événements à venir. Ce sera la 2ème partie de notre méditation. La conversion de la masse des Juifs qui nous est annoncée, correspond à un temps où « la totalité des Païens sera entrée » (Romains 11.25). Il y a ici un parallélisme avec l’articulation des Païens sur les Juifs qui s’était faite au début. Quand les Païens entrent en masse, les Juifs cessent d’entrer. A la fin, on ne parle pas d’un endurcissement des Païens ; le vrai païen au fond, est préparé à l’Evangile ; malgré des résistances, il le reçoit quand S. PAUL, ou ses successeurs viennent à lui. Mais il arrive un moment où cette tâche est terminée. Le SEIGNEUR Lui-même a dit : « Cette bonne nouvelle du Royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors, viendra la fin. » (Matthieu 24.14). Faut-il interpréter la totalité des Païens dans un sens arithmétique, comme si l’on disait tous les Païens les uns après les autres ? Une telle interprétation, fausse de fond en comble le sens de l’Ecriture. En fait, elle aboutit à l’absurde, car on ne peut pas rattraper tous les Païens qui sont morts et qui n’ont pu entendre la prédication. Quoique, par certains côtés, cette interprétation que j’appelle arithmétique de l’évangélisation ait pu pousser à un certain zèle missionnaire, elle présente bien des dangers pour la vie profonde de l’Eglise. Oui, certes, elle peut donner du zèle, quand elle porte des apôtres à conquérir à CHRIST de nouvelles contrées du globe. Mais pour l’ensemble de l’EGLISE, cette conception arithmétique fait flotter dans le lointain de l’avenir un temps où tous les hommes seront chrétiens, où la paix et le bonheur régneront par la conversion de la totalité des Païens. Or qu’est cela sinon exactement la conception juive du Royaume de DIEU qui a coûté la vie à JESUS-CHRIST, parce qu’il n’a jamais voulu y souscrire ? Sans la résurrection des morts, sans le jugement dernier, une civilisation chrétienne unifierait un jour les nations de la terre. Et comme on est à chaque époque bien loin de ce mirage, le temps coule comme de l’eau de génération en génération, et rien ne change, sinon en pis. A dette conception arithmétique il faut résolument substituer la notion biblique de l’élection. L’EGLISE est le fruit de [ ? mots manquants] elle réalise dans la vérité en JESUS-CHRIST cette élection dont Israël selon la chair a eu l’ombre figurative. L’élection telle qu’elle se dévoile dans son plein sens en JESUS-CHRIST, est couronnée par la souffrance pour les autres. L’élu est un sacrifié. L’Epouse de CHRIST reproduit dans sa chair la communion des souffrances de CHRIST. Elle prie pour le monde comme lui-même, à la droite de DIEU intercède pour elle. Il est donc à présumer, sans que nous ayons besoin d’entrer dans ce débat aujourd’hui, que le nombre arithmétique de ceux qui sont appelés au service effectif de JESUS-CHRIST est beaucoup plus petit que le nombre de ceux qui seront sauvés pour la vie éternelle par le sacrifice de JESUS-CHRIST. En tous cas, le nombre des vrais serviteurs de CHRIST, conscients de la réalité de l’EGLISE élue, et vivant de cette réalité, a toujours été infiniment petit parmi les hommes. Aussi est-il à penser que la totalité des Païens est, arithmétiquement, un nombre fort petit, le nombre des élus choisis parmi les Païens pour souffrir avec CHRIST et comme lui, brillant comme des flambeaux dans le monde où ils ont maintenu la Parole de vie. DIEU se réserve le secret de ce nombre qui s’exprima par l’expression « la totalité des Païens ». Il échappe à toute statistique, à tout calcul humain. Quand le moment sera venu de la délivrance d’Israël, la totalité des Païens sera alors entrée, même si des centaines de millions d’hommes vivants ignorent l’Evangile. Pour ces centaines de millions il suffit au PERE d’intercesseurs, participant aux souffrances de l’Epouse et élevant vers Lui, comme ABRAHAM, la prière de la foi pour le salut des justes. Quand Israël se convertira, la totalité des Païens sera entrée. Tout donne à penser que cette conversion du peuple élu sera très brusque, très totale, et que, par elle, l’EGLISE étant achevée, cette économie terrestre touchera à sa fin, et l’heure de la résurrection des morts sonnera bientôt. Nous pressentons dans le développement des Missions, un accomplissement de la parole sur la totalité des Païens. Il est normal qu’il y ait dans les chœurs célestes des hommes rachetés de toute langue, de toute tribu et de toute nation. Mais, plutôt que de discuter la question de savoir si tous les peuples ont été atteints par l’Evangile, si la Bible a été traduite en suffisamment de langues, - toutes questions arithmétiques encore,- n’est-il pas à penser que, avant que se produise la conversion des Juifs, DIEU mettra sur le cœur de l’EGLISE issue des Païens la prière pour la délivrance d’Israël ? Toute prophétie en effet est la base d’une activité spirituelle de l’Eglise sur le plan de l’adoration, de la louange et de la demande. Les événements extérieurs d’une part, les avertissements intérieurs du SAINT-ESPRIT d’autre part, fixent les moments où une prophétie biblique se mue en ardente prière, pour que le juge inique rende la justice qu’il a lui-même annoncée. Quand la vocation de S. PAUL est née dans son cœur, quand elle a trouvé un soutien grandissant en BARNABAS et en l’EGLISE d’Antioche de Syrie, rien n’indiquait encore que la porte du salut allait se fermer pour les Juifs. DIEU reste souverain pour fixer les temps et les moments ; et ses décrets immuables se manifestent à nous dans les actes pleinement libres des hommes. Mystère de la grâce ! Ainsi comparant l’articulation à venir des Juifs sur le tronc païen, à l’articulation du début, des Païens sur la souche juive, nous comprenons que le temps de la restauration d’Israël ne peut être fixé à l’avance, mais qu’il sera précédé par une préparation spirituelle, qui dépend, et de la souveraineté de DIEU, et de la collaboration libre de ceux qu’il appelle à être ouvriers avec Lui. III. Je voudrais encore indiquer brièvement quelles conditions l’EGLISE actuelle, issue des Païens, devra réaliser pour saisir d’une manière efficace, la prière en faveur de la conversion d’Israël. La première de ces conditions est une plénitude de foi surnaturelle. Il faut, pour le couronnement de l’œuvre divine, une EGLISE qui n’accentue pas une vérité au détriment des autres ; car, quelle que soit son organisation, une telle EGLISE est sectaire, par le fait qu’elle morcelle la Révélation. En particulier, l’EGLISE devra saisir avec une grande force la doctrine de la résurrection, sans laquelle la foi est vaine. Il ne peut suffire de sauver des âmes et de les envoyer une à une au ciel. Il faut encore la vision du salut du monde. Or, le salut du monde, ce n’est pas, répétons-le, une victoire terrestre du christianisme, sur le plan de l’extension numérique et des conquêtes sociales, c’est la résurrection des morts : victoire qui puise toute sa force dans la résurrection de JESUS-CHRIST, fruit elle-même de la CROIX. Dans la vision de la résurrection, le message de l’EGLISE est toujours eschatologique au premier chef ; il n’a une portée morale, sociale, politique même, que par voie de conséquence. En appelant à la repentance les Juifs de Jérusalem, l’apôtre PIERRE et les Douze préparaient la Résurrection générale des morts ; car il fallait d’abord que ce fondement juif fût posé. En ouvrant la porte aux Païens, puis en étendant la mission parmi les Païens, S. PAUL et ses continuateurs ont hâté la venue du jour de la Résurrection ; car, il fallait ensuite que cette mystérieuse « totalité des Païens » entrât dans l’EGLISE. Enfin, le jour où l’EGLISE issue des Juifs, et actuellement composés de Païens, ouvrira la porte à la masse des Juifs, elle commencera de franchir la dernière étape de sa croissance vers la résurrection finale. La première condition donc de la prière en faveur de la conversion d’Israël est une plénitude de la doctrine chrétienne, puisant sa sève très profondément dans l’Incarnation et la Rédemption, et se projetant en avant vers la résurrection finale et le Jugement dernier d’un élan, qui transcende tout sectarisme. La seconde condition de la prière efficace pour la conversion d’Israël est l’unité interne de l’EGLISE issue des Païens, notamment dans la personne de ses conducteurs. De cette unité, notre cher Président nous parlera cet après-midi, en ce qui nous concerne. Qu’il me suffise d’indiquer combien est fort le lien entre l’unité et la prière pour les Juifs. Nous, les Païens, par nature, nous sommes essentiellement divisés. A part quelques brillantes réussites, comme le siècle d’AUGUSTE ou quelques années au temps de S. LOUIS, par exemple, jamais un empire païen n’a pu subsister dans l’unité. De nation à nation, et à l’intérieur des nations, de parti à parti, la guerre est continuelle, et elle remonte à toujours. Or les causes d’inimitié entre deux Païens quelconques sont moins grandes qu’entre le Païen et le Juif : entre deux Païens il n’y a jamais le fossé de l’élection. Ou, disons autrement, quand deux Païens sont l’un et l’autre en CHRIST, ils sont sur le même pied au point de vue de l’élection, ils sont appelés tous deux par le message de grâce de S. PAUL, aucun ne peut se targuer d’être élu depuis ABRAHAM ! Or si deux Païens, en CHRIST, ne peuvent pas s’entendre, comment espéreraient-ils amener à l’unité avec eux le Juif qui est plus loin d’eux qu’ils ne le sont l’un de l’autre ? Toutes les divisions de nationalités et de politique païennes, transposées dans l’Eglise historique et dans l’EGLISE actuelle donnent raison au Juif qui ne se convertit pas. « Ne vous avais-je pas dit, pourra narguer le Juif, que l’ETERNEL notre DIEU est un seul ETERNEL ? Or, vous qui suivez ce Crucifié que nous avons justement maudit, vous n’êtes pas un peuple, vous divisez DIEU en vous divisant les uns les autres ! » Argument qui a convaincu tous les déistes du monde moderne qui ont préféré un DIEU un, et sans le FILS, à un JESUS en qui les disciples ne sont pas un par la charité. La 3ème et dernière condition que je citerai pour l’efficacité de la prière de l’EGLISE actuelle en vue de l’EGLISE à venir, composée des Païens et des Juifs, c’est que l’EGLISE actuelle élimine ce qui, en elle, appartient au Judaïsme dans ce qu’il y a de mauvais. En fait, ce que nous appelons la christianisation du monde a été en grande partie la Judaïsation des Païens par l’intermédiaire de l’Evangile. Il y a sans doute eu un stade où les Païens évangélisés étaient plus ou moins des chrétiens, selon la mesure départie à chacun, tout en restant par nature des Païens, mais aujourd’hui, l’élément juif a terriblement pris le dessus. Aujourd’hui ce qu’on appelle les chrétiens, ce sont essentiellement des prosélytes du Judaïsme. Les masses détachées du christianisme vivant en ont surtout gardé la notion juive d’un Royaume de DIEU sur la terre, sans Rédemption ni Résurrection. Elles adorent DIEU sous le vocable du Veau d’or, médiateur de ce nouvel Eden. Et l’EGLISE elle-même, en sa partie pratiquante et enseignante, est sans cesse envahie ou menacée par le Judaïsme dans ce qu’il a d’antichrétien, sous forme de rabbinisme doctrinal, de critique intellectualiste de légalisme moral, et par dessus tout, d’attachement à l’or et à la vie terrestre comme fin ultime de l’homme. Il ne s’agit pas d’antisémitisme ou de philosémitisme, il s’agit de ceci : que si nous voulons être dans la charité à l’égard de nos frères juifs, nous devons réaliser notre vie de Païens saisis par JESUS-CHRIST, de Païens entrant par grâce non dans une alliance terrestre pour un bonheur terrestre, mais dans l’alliance eschatologique de celui qui n’avait pas ici-bas où reposer sa tête, -si ce n’est peut-être le bois de la CROIX. J’arrive maintenant à ma conclusion. Elle est d’abord que, puisque la Parole divine nous indique la solution du problème juif, il n’y a pas de solution humaine à ce problème. C’est ce que l’expérience de 19 siècles confirme. Traitez par ex. le Juif sur un pied d’identité avec le Païen, vous avez l’homme abstrait des philosophes, et vous avez la déchristianisation croissante de la société au profit du messianisme terrestre d’Israël. Le sionisme, le retour en Palestine, ne seraient une solution que si le peuple d’Israël se convertissait à JESUS-CHRIST. Car s’il y va pour faire de la banque, exploiter le pétrole, ou même s’enrichir par l’agriculture, sans tourner son cœur vers le FILS de DAVID, il restera sous la malédiction prononcée contre Jérusalem, et sa prospérité matérielle sera en malédiction pour tous les peuples. Il peut y avoir un esprit plus ou moins imprégné de douceur évangélique dans la manière dont les gouvernements pagano-chrétiens traitent les Juifs : mais c’est une question de plus ou de moins. Le problème des Juifs et des Païens, par suite, la dispersion des Juifs, et leurs souffrances, dureront jusqu’à ce que la totalité des Païens soit entrée, et qu’Israël tourne ses regards vers celui qu’il a percé. Est-ce à dire que nous devrions rester passifs devant le sang et les larmes versés par les Juifs ? Tout au contraire. Et c’est ici, mes chers Collègues, que j’ai une exhortation à vous adresser de la part du chef de l’EGLISE. J’ai à vous dire ceci : Donnez à votre ministère sa vraie portée eschatologique et vous hâterez la délivrance d’Israël. Pour ne donner qu’un seul exemple, lorsque M. COILLARD, épaulé par Alfred BOEGNER alla, au prix d’immenses sacrifices, gagner à JESUS-CHRIST le champ nouveau du Zambèze, il a continué l’œuvre de S. PAUL auprès des Païens. Il a avancé d’autant l’achèvement de l’EGLISE et la délivrance d’Israël. L’EGLISE réformée de France, par la ministère d’Alfred BOEGNER, qui avait une vision extrêmement nette de la portée de son œuvre pour la France, et dans la personne de tous ceux qui l’ont soutenu, de leur sang, de leurs souffrances, de leurs prières, de leurs sacrifices, l’EGLISE réformée de France a alors hâté d’une manière effective la délivrance d’Israël. Devons-nous, à l’heure actuelle, tendre toutes les énergies de l’E.R.F. vers le salut d’un peuple païen qui ne connaît pas encore le CHRIST ? Si vous en aviez la conviction, je dirais, agissez dans ce sens, et ce serait bien. Mais je vais aller beaucoup plus loin. J’ai la conviction et je le déclare aujourd’hui simplement mais solennellement, que l’EGLISE réformée de l’Ardèche que vous représentez, mes Frères, est appelée et d’abord en votre personne, à prendre directement sur son cœur, ici et maintenant, la prière qui doit être le point de départ spirituel de l’œuvre de la conversion d’Israël. En vous parlant ainsi, je ne limite pas cet appel : d’autres Eglises, en France, notre EGLISE dans son ensemble, l’Eglise catholique, les Eglises du monde entier, peuvent être appelées en ce moment même à cette prière. Mais je ne parle pas aux absents : DIEU leur parlera comme sa sagesse le veut. M’adressant à vous, je mets cette prière sur votre cœur à vous. Avec cette prière, je mets sur votre cœur d’en réaliser les conditions : élimination, dans notre corps pastoral, de tout esprit sectaire dans la doctrine, pour embrasser l’ensemble du surnaturel chrétien ; l’unité des disciples de JESUS-CHRIST dans la charité sans hypocrisie ; la purification de nos cœurs et de nos vies, de toute attache à l’argent, du déisme antichrétien et du messianisme terrestre. En entendant est appel, vous dites en vos cœurs : « Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ? Comment pouvons-nous savoir que le moment est venu de nous adonner à cette prière et à cette œuvre du salut du peuple juif ? » - Je répondrai à ces questions par ce simple fait : les Juifs souffrent, ils souffrent sous nos yeux d’une manière tangible, leur souffrance devient un hallucinant cauchemar. Or, nous connaissons le remède, et nous savons qu’il n’y en a pas d’autres. Les palliatifs les soulageront peut-être momentanément mais leur souffrance recommencera, atroce, jusqu’à ce qu’enfin l’EGLISE ait la conviction de les délivrer en se tournant vers l’achèvement de son œuvre : l’articulation des Juifs sur les Païens dans l’unité de JESUS-CHRIST. Ce n’est peut-être que dans 1.000 ans que cela se produira, direz-vous ? Admettons. Alors, pendant 1.000 ans encore, notre frère aîné, fils bien-aimé de DIEU comme nous-mêmes et plus que nous-mêmes, continuera de souffrir dans la dispersion, et nous qui connaissons la puissance de la prière, qui sommes instruits des conditions à réaliser pour que la prière soit efficace, nous ne nous mettrions pas à cette tâche, avec la volonté de tout oser pour abréger le martyre du Juif ? Ecoutez. Je terminerai par une paraphrase d’une parole sainte. Puisse-t-elle entrer dans nos cœurs à tous ! Un Juif descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi-mort. Un païen converti au Christianisme, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre en disant dans son cœur : « N’ai-je pas à perpétuer une liturgie et un enseignement traditionnels ? » Un autre chrétien d’origine païenne, qui arriva aussi dans ce lieu, passa outre, en disant : « N’ai-je pas à mettre au point une théologie qui est loin d’être achevée ? » Mais un Samaritain, qui voyageait... vous savez la suite, mes frères. Puisse notre petite EGLISE d’Ardèche être ce Samaritain, au cœur rempli de la miséricorde de CHRIST, à l’esprit puissamment fortifié par l’esprit de CHRIST, le Bon Samaritain, qui sonde nos cœurs en cet instant du haut du ciel ! [1] Exposé présenté à Saint-Laurent-du-Pape aux collègues pasteurs de la région, à la demande du président de l’ERF, le pasteur Marc Boegner, le 19 octobre 1941. Nous avons ajouté les références des citations bibliques. Voici ce qu’écrit le pasteur J. Serr dans une lettre du 3 février 1980 : « Le titre de cette conférence avait été suggéré, je pense, par le petit livre d’Erik Peterson paru en 1937 : Le mystère des Juifs et des Gentils dans l’Eglise. Certes, M. Dallière n’avait pas besoin de cela pour aborder le sujet. Mais comme il avait en grande estime E. Peterson, ce n’est pas impossible. Cette étude était l’embryon de la thèse de doctorat en théologie que M. Boegner avait demandé de faire à M. Dallière, à cette époque. […] M. Dallière s’y est mis ″par obéissance″. Il en a tracé le plan et rédigé le 1er chapitre, un chapitre d’introduction qui n’aborde pas vraiment le fond du sujet. Puis M. Dallière a renoncé définitivement à la thèse. Il a écrit à ce sujet à M. Boegner en 1944. » Un dossier comprenant les cahiers préparatoires à cette thèse, le texte manuscrit et dactylographié de la conférence de 1941 ainsi que la lettre de 1944 à M. Boegner, se trouve dans nos archives à Charmes. Date de création : 02/12/2016 @ 16:07 |