Rédacteur : Emmanuel Gyan                 

UNION DE PRIERE

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Lundi 20 mars (livret de prière p. 57)                       1^er sujet : le Réveil des Églises           Matthieu 24.29–35 | Ps 73

Aussitôt… La double interprétation classique de ce texte eschatologique, à savoir annonçant la destruction du temple de Jérusalem ou préfigurant les temps de la fin est source d’une tension d’interprétation. Qui a vu venir « le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel » depuis que Matthieu a écrit ces paroles ? et sommes-nous en 2023 si « aussitôt » après l’abolition du sacrifice perpétuel par la destruction du temple ? Une question qui porte à la prière d’attente, je crois, et au discernement des signes des temps. Une interprétation de « cette génération ne passera point » peut être « l’humanité ne passera point ». A l’heure d’un anthropocène menaçant, nous sommes invités à mettre notre confiance en la promesse de l’avènement de notre Seigneur.

Prière : Jusques à quand tarderas-tu, Seigneur à accomplir ta promesse de venir en gloire sur les nuées à la vue de toute ton Eglise ? Nous déclarons encore et encore que Ta Parole ne passera point.

Mardi 21                                                   2^ème sujet : le salut du peuple juif Mt 24.36–44 | Ps 74

Jésus, à la veille de sa Passion, se place dans l’obéissance totale au Père, puisque certains manuscrits stipulent que même lui ne connaît pas l’heure de la fin. Et la soudaineté annoncée de sa Parousie doit nous conduire à considérer nos voies, chacun pour soi et en relation avec Dieu par le Saint-Esprit. Dans le texte il est précisé que deux personnes d’apparence ou d’occupation identiques seront séparées soudainement. Comment atten­dons-nous concrètement, dans le fond de nos cœurs, l’accomplissement du plan de Dieu ? Restons vigilants, comme l’indique la première parabole du jugement des versets 43-44.

Prière : Seigneur, nous nous associons à ton peuple pour qu’ensemble, les cœurs de chacun et de chacune soient trouvés veillant le jour de ta venue. 

Mercredi 22                                    3^ème sujet : l’unité de l’Église           Mt 24.45–51 | Ps 86

Deuxième parabole du jugement. Veiller, selon Jésus, c’est attendre le Maître en se comportant d’une manière qui lui plaît alors qu’il n’est pas là. Le serviteur dont il est parlé ici est un intendant chargé de veiller sur le bien-être des gens de la maison du Maître. Malheur à celui qui bat ses compagnons ! Sa punition sera soudaine et sévère. Considérons nos responsabilités dans nos églises et communautés : sommes-nous occupés à prendre soin des nôtres, ou les battons-nous, même battons-nous ceux des autres communautés ? L’exigence de Dieu est élevée vis-à-vis de tous les responsables. Sondons nos cœurs.

Prière : Seigneur, pardonne-nous les fois où nous avons dit du mal de nos frères et sœurs, et équipe nous par ton Esprit pour que nous soyons des ouvriers d’unité dans les lieux où tu nous as placés.

Jeudi 23                              4^ème sujet : l’avènement de Jésus et la résurrection Mt 25.1–13 | Ps 87

Troisième parabole sur le caractère inopiné du jour du jugement. Il nous est demandé de veiller, de rester vigi­lants (verset 13). Et pour rentrer dans la joie du marié, il convient d’être prêts à tout instant, puisque le jour et l’heure sont inconnus de tous. Quelle est donc cette huile de veille, cette huile de vigilance, cette huile d’un cœur prêt ? et que sont donc ces lampes que l’on posséder sans huile ? On peut faire référence aux lampes du temple qui brûlaient dans la présence de Dieu (Lévitique 24.2), et dont l’huile était apportée par les enfants d’Is­raël. Mais dans ce cas il s’agit d’un chandelier « collectif », alors que Jésus parle ici d’une relation personnelle. Il est intéressant de noter que même si toutes les vierges s’assoupissent, l’huile ne peut être partagée. Si le marié déclare « je ne vous connais pas », c’est sans doute que le remplissage d’huile de la lampe, qui résulte d’un ef­fort préparatif et d’achat, correspond à la régularité de l’intimité avec le marié, une préparation quotidienne et prévoyante pour le jour des noces.

Prière : Seigneur, toi qui nous aimes tous d’un amour éternel, accorde-nous la grâce de guetter chaque jour ta venue en gloire, et de raviver en nous la flamme de l’espérance par l’onction de l’Esprit.

Vendredi 24                                                         la croix                      Jn 13.1-11 / Ps 87

Quatrième parabole sur le même thème, aussi appelée parabole des talents, d’une grande richesse et qui ap­pelle beaucoup de questions. Comme on peut le lire, pour le Maître l’équité n’est pas l’égalité, il donne à chacun « selon sa capacité ». Même le serviteur qui ne reçoit qu’un sac d’argent (d’une valeur de 15000 euros environ), il lui est fait confiance par défaut. Ceux qui prennent des risques, et investissent en considérant l’héritage du Maître comme le leur, prospèrent. Quant au serviteur mauvais (littéralement avare, mesquin), il a une image dé­gradée du Maître, au point de se séparer de ce qu’il reçoit en le cachant dans la terre. Chose intéressante, le Maître valide les propos du serviteur sur sa personne, mais n’en tire pas la même conclusion. Comme si l’image de Dieu est celle d’une croissance organique, abondante comme celle d’une moisson de ce que l’on a pas se­mé, et tellement différente de celle d’un contrôle de ce que l’on produit par ses propres forces. Accepter ou refu­ser cette possibilité de participer à cette croissance organique qui fait partie de la nature de Dieu, c’est sans doute là la clé du salut, qui est grâce car réception joyeuse et reconnaissance car don non mérité. Qui nous en­gage à porter du fruit.

Prière : Seigneur, le don de ta vie à la Croix nous ouvre le partage de la joie du Maître. Merci pour ton amour.

Samedi 25                  U Annonciation                                L’Église et les sacrements Mt 25.31–46 | Ps 89

Cinquième et dernier enseignement imagé sur le jugement : les brebis et les boucs. Ce sont deux espèces ani­males différentes qui peuvent paître ensemble, mais que le berger peut choisir de séparer quand bon lui semble.  Si les brebis font le bien sans s’en rendre compte, c’est que la sincérité de leur foi a débordé en actes d’amour au point de ne même plus s’en souvenir, et d’être capables de sollicitude envers tous les hommes. Le fait qu’elles soient destinées à « prendre possession du Royaume préparé depuis la fondation du monde » montre qu’elles ont contribué à l’avènement du Royaume, dès la vie sur terre et au-delà. En revanche, il est intéressant de noter que pour les boucs, ce n’est pas leur violence ou des actes répréhensibles qui leur sont reprochés, mais la négligence de ne s’être pas rendus attentifs aux plus petits des hommes, probablement conséquence de leur égocentrisme. Eux sont destinés à « brûler dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges », comme si leur comportement a été le fruit de l’identification aux puissances occultes, irrémédiablement desti­nées à la perdition.

Prière : Seigneur, que nos cœurs soient brûlants d’amour pour toi, au point que cet amour déborde sur nos contemporains, et particulièrement sur les plus vulnérables. Ouvre nos yeux pour que nous puissions te voir en eux.

Lundi 27  (livret de prière p. 57)                                1^er sujet : le Réveil des Églises Mt 26.1–16 | Ps 90

Si on applique une lecture chiasmatique à cette péricope, elle débute et se finit par l’intrigue des chefs contre Jé­sus, dont Judas va être l’instrument. Au milieu, dans ce récit d’une onction royale, dont les disciples ne per­çoivent pas la signification, le passage central est « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? », comme pour indiquer que les disciples passent à côté du sens spirituel profond de ce qui vient de se passer. Et il déclare que cette scène sera amenée à être connue sur la terre entière (verset 13). Dans la symétrie du chiasme, les deux évocations des pauvres se répondent, les deux mouvements de versement se répondent, et le parfum de bonne odeur est associé à la proclamation de la bonne nouvelle…

Prière : Seigneur, que la bonne nouvelle de ton salut, comme la bonne odeur d’un parfum de grand prix, soit connue de toujours plus d’hommes et de femmes, dans ton Eglise et au-delà.

Mardi 28                                                2^ème sujet : le salut du peuple juif Mt 26.17-29 | Ps 91

La compréhension juive des quatre coupes du séder (le repas de la Pâque) laisse penser que la coupe que Jé­sus fait boire à ses disciples, et qu’il ne boira plus dorénavant « jusqu'au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (verset 29), est la quatrième, partagée en fin du repas (verset 21), avant les chants de louange (les psaumes, verset 30). En effet, la tradition juive associe la première coupe à la sortie d’Egypte (wehoséti), la seconde à la libération de l’esclavage (wehitsalti), la troisième à l’acquisition du peuple par Dieu pour en faire ses serviteurs (wegaalti), et la quatrième aux fiançailles de Dieu avec le peuple juif (wela­qa'hti, Osée 2.18). Si Jésus parle de la boire de nouveau dans la maison de son Père, il fait référence à l’alliance entre le fiancé et son peuple (les fiançailles se scellaient aussi par le partage d’une coupe de vin) ce qui donne une signification particulière, amoureuse, au « sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour beaucoup ».

Prière : Seigneur, nous prions que ton peuple d’Israël, dont tu as scellé tes fiançailles avec lui par ton sang, re­connaisse la grandeur de tes deux indéfectibles alliances. 

Mercredi 29                                             3^ème sujet : l’unité de l’Église   Mt 26.30-35 | Ps 92

Tous les disciples promettent à Jésus de ne pas l’abandonner, alors même qu’ils n’entendent pas l’annonce de la résurrection (verset 32). Et la prophétie de l’abandon est collective (verset 31), tandis que Pierre en reçoit une supplémentaire (verset 34). L’unité des disciples, et l’attachement à Jésus s’effondreront malgré toute leur bra­voure annoncée, eux qui comptent sur leurs propres forces.

Prière : Seigneur, pardonne nos prétentions et nos trahisons. Nous te prions pour l’unité de ton Eglise, non pas comme nous le voulons, mais comme toi tu la veux.

Jeudi 30                         4^ème sujet : l’avènement de Jésus et la résurrection Mt 26.36-46 | Ps 93

Ce texte nous ramène aux travaux pratiques des paraboles sur la vigilance et la veille que nous avons étudiés la semaine dernière. Dans le paroxysme spirituel de l’imminence de sa Passion, la prophétie que nous avons lue hier (verset 31) : il n’y en a pas un pour rester éveillé avec Jésus. Qui de nous n’a pas connu cette déception d’un esprit bien disposé mais d’une chair faible ? Même dans son irritation, Jésus reste compréhensif vis-à-vis de la nature faible de ses disciples (verset 45), tout en les secouant dans leur torpeur : « Allons-y ! ».

Prière : Seigneur, réveille-nous, que nous ne nous endormions pas dans l’attente de ta venue…

Vendredi 31                                                            La Croix               Mt 26.47-56 | Ps 94

La volonté de Jésus d’accomplir la prophétie est manifeste dans ce texte, où il argumente en faveur de sa passi­vité : « ne crois-tu pas que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze lé­gions d’anges ? ». Cela représente 36000 hommes, qui auraient été bien largement suffisants pour balayer la « foule nombreuse » envoyée par les chefs des prêtres et les anciens du peuple. Mais il donne un ordre ferme : « remets ton épée à sa place ». Et d’adressant à la foule il annonce que tout cela arrive pour accomplir les Ecri­tures. Ce don volontaire de lui-même par obéissance jusqu’à la croix, comment ne pas être impressionné ? D’ailleurs les disciples ne comprennent pas, prennent peur et s’enfuient, comme Jésus l’avait annoncé.

Prière : Seigneur, merci pour ta volonté d’accomplir les Ecritures pour manifester le salut voulu par le Père. Nos mots sont trop faibles pour te dire notre reconnaissance.

Samedi 1^er avril                                           L’Église et les sacrements Mt 26.57-68 | Ps 95

Jésus voit clairement son objectif, et néglige les faux témoins. Il ne répond qu’au grand-prêtre. Dans sa réponse à la question « es-tu le Messie », on note deux références bibliques, le psaume 110:1 « assieds-toi à ma droite », et Daniel 7 :13 « quelqu’un qui ressemblait à un fils de l’homme venu avec les nuées du ciel ». Ces deux textes font explicitement référence au Messie, et suscite immédiatement l’ire du grand-prêtre. Et la condamnation à mort représentait une prise de risque majeure puisque sous l’occupation romaine les juifs ne pouvaient pas mettre à mort l’un des leurs, même pour une offense religieuse. Rappelons que le grand-prêtre était habilité à sacrifier (mettre à mort) des animaux dans le temple pour l’expiation des péchés du peuple d’Is­raël…

Prière : Seigneur Jésus, toi l’Agneau qui ôte le péché du monde, toi l’Agneau immolé qui règnes à la droite du Père, sois béni et adoré pour les siècles des siècles ! Amen.